Demande de Lyrinad

J'observe silencieusement le jeune homme qui entre dans la pièce de demande d'admission d'un pas assuré. Il est habillé d'un habit noir. Il a des taches de naissance sous les yeux. Je le vois examiner la pièce d'un oeil critique. Il n'a pas l'air effrayé. J'apprécie.
Il parle. Ne se rend-il pas compte qu'il n'y a personne ? J'annule alors mon sort d'invisibilité, ce qui fais peur la plupart du temps aux candidats. Test.

"Bienvenue dans le manoir de la Ghilde. Je suis la déesse Isaé et c'est moi, pendant l'absence de la Grande Silhouette qui te fera passer ton épreuve, Lyrinad, c'est cela ?"

Il répond par l'affirmative.

"Sache que si tu commences ton épreuve, tu ne pourras plus reculer, c'est clair ? Es-tu prêt à t'engager auprès de la Ghilde ?"

Je guette sa réponse. Les candidats répondent toujours par l'affirmative. C'était après que ça se compliquait...

Je me sens agacée. Pourquoi tourne-t-il la tête ?
*En plus il est impatient...*

"Tu vas devoir rester cinq jours dans les plaines sauvages seul, sans manger sans boire. Tu réfléchiras."

Je guette sa réaction. Je lui évite la première épreuve, celle du vol. Il aurait réussi...
*Tais-toi sale mauvaise conscience*

"Des tentations s'offriront à toi. Sache que si tu succombe, tu ne seras pas admis. Ton épreuve commence maintenant."

Je disparais grâce à mon sort d'invisibilité. Je le suivrais, pas par pas ce Lyrinad...

J'entre dans la salle, affamé et assoiffé, ce test c'était presque bien passé jusqu'à l'arrivée du cerf, j'avais du me retenir de ne pas l'égorger pour le manger.
La salle est anouveau vide, le noir ne fait pas peur, j'y suis habitué.

" Me... Revoici...."

J'ai beaucoup de mal à parler et articulé est encore plus dur, ma gorge est si sèche.

Je distingue la silhouette de Lyrinad beaucoup plus que je ne l'entends. Je suis excédée par les nouvelles trouvailles de ma mère pour m'embéter. Je l'observe en silence, invisible. Il a maigri, son visage s'est affiné. Il a du souffrir. Comme ont souffert tous les autres. Il n'a pas craqué malgré toutes les tentations. Je l'admire : tous les hommes ne sont pas comme lui bien au contraire.
Je redeviens progressivement visible et demande d'un ton plein de morgue :

"Alors ? Comment cela s'est passé ?"

Ne jamais laissé deviner que j'ai tout vu. Après tout, certains mentent. Ils sont immédiatement renvoyés, la gorge tranchée.

" Mal... C'est.... extrèmement diff...icile... de...sur...vivre "

Je regarde la déesse.
Mes yeux rouges ont perdu de leur éclats, je vois moins bien.
Mes jambes me tiennent à peine.
Je tombe sur le sol froid en respirant le plus possible.

" J'ai....réussi ?"

Je songe un instant à le laisser mourir ici pendant mon voyage jusque dans le Ciel pour voir ma mère mais je prends en pitié le jeune garçon. La Grande Silhouette, ma meilleure allié ne me le pardonnera jamais si je laissais faire cela. Alors je m'approche de lui et je m'accroupis. Je peux ainsi voir tous les sacrifices qu'il a dû faire. Son corps est devenu laid. Mais son esprit est purifié.
Je fais donc apparaître une magnifique coupe d'or, un calice rempli d'eau fraîche. Je lui en verse un peu sur le visage et lui donne le reste pour boire.

" Bois lentement. Sinon tu pourrais mourir."

Les hommes sont si matérialistes. Je souris en songeant à cette réflexion idiote. J'étais la seule à avoir pu créer une race mi bonne, mi mauvaise. Morrigan dans ses empires n'as su que créer des races parfaites, sans âmes. Je m'approche du fond de la salle, je passe derrière le bureau. Un magnifique arc est posé sur le mur. Je caresse le bout des flèches, du sang coule. Je ne ressens rien.

"Dites moi à quoi vous avez pensé durant ces cinq jours... [HJ : rhumm un peu plus je sais !]"

Je lui souris ironiquement.
*Dernière épreuve*

Je bois lentement et après avoir fini la coupe, je la pose respectueusement sur le sol puis je lève la tête vers la déesse.
Elle se fiche pas mal de mon sort, celà c'est sûr mais je ne reculerais pas.

" Rien. Je ne pensais... à rien, à part manger et boire, à quoi aurais-je dût penser ? "

*C'est à mi de choisir si je veux devenir sihlouette, elle ne m'empêchera pas d'arrivé à mes fins. Jamais. *

J'oberve la salle. C'est tellement bien, j'y suis à l'aise.
Peut-être ne le devrai-je pas.

Je suis plutôt impressionnée bien que sceptique. Comment a-t-il pu tenir tant de temps en pensant à ce que justement il ne devait pas faire ? Je hausse les épaules. Sa réponse est étrange.

" A rien ? insistai-je, es-tu sûr ? N'as-tu songé à personne pendant ton épreuve ?"

Je hausse les sourcils, brusquement moqueuse bien qu'un peu inquiète

"Et qui est cette fille, Rosa Hant, pour toi ?"

Il a la volonté. Reste à savoir s'il sera obéissant et responsable.

Je souris légèrement en repensant à la jeune fille.
Je regarde la déesse et commence à parler.

" C'est la dernière personne que j'ai volée. Rien de plus. "

Je sors une pomme, entière, de ma poche et la montre à la femme devant moi.

" Je l'ai vol lorsque elle est venue près de moi et a sortit la nourriture, donc, je l'ai eu durant toutes l'épreuve. "

* Bien, maintenant je dois attendre, attendre et espérer. "

Je prends délicatement la pomme et j'éclate de rire.
*Pauvre Rosa...*
Inconsciemment Lyrinad a donc exécuté la première épreuve sans que je le lui demande. Rien de plus naturel. C'est un voleur, après tout.
Je croque le fruit et m'étonne de son courage.
*La Grande Silhouette pourra être contente. Elle aura besoin de silhouettes douées pour...*
Je m'interromps et examine la pomme d'un air circonspect. D'un ton dur, j'interroge le jeune homme :

"Pourquoi cette pomme est-elle empoisonnée ?"

Mes pensées se bousculent. Lyrinad a-t-il voulu m'assassiner ? Fait-il parti de rebelles cherchant à se débarasser de moi ? A-t-il été engagé par ma mère ? Non, me résonnais-je, je ne peux pas mourir je suis une déesse. Mais alors ?
*Rosa Hant, on cherche à tuer Rosa Hant.*
?
*Ma Grande Mère....*
Ces pensées m'occupent. Je ne songe plus à cette future silhouette.
*Tiens je parle comme si il était accepté...*

La Déesse est troublée et moi je me demande comment cette pomme a pu être empoisonnée.

* Si je l'avais mangée je serais mort. *

- Ce n'est pas moi qui l'ai empoisonné. Pourrions-nous en revenir à ma demande ?

Je regarde la déesse en espérant qu'elle va bientôt me répondre.
Elle semble absorbée par ses pensées au point de ne plus m'écouter.

Mon sang bouillonne. S'il ne tenait qu'à moi, je le ferais souffrir pour qu'il me supplie. Comment peut-il être aussi égoïste ?
*Je me fais de mauvaises idées, il est juste impatient. Et comme dans tous les cas, les "impatients" négligent les autres.*
Il faudra que je parle de tout cela à la Grande Silhouette. Les vies qui lui sont indispensables devront être protégées jusqu'à l'instant fatidique.
Si Rosa meurt, me suis-je promis, c'est Lyrinad que je tuerais. La Grande Silhouette ne se fera pas prier.

"Je t'accepte dans le ghilde des Silhouettes."

Je lui jette un coup d'oeil méchant :

"Ne te réjouis pas. Ton apprentissage vient juste de commencer. Ce ne sera pas une partie de plaisir. Et il va falloir apprendre à faire confiance aveuglément aux autres Silhouettes."

Je fais disparaître la coupe et la pomme. Ne pas avoir vu qu'on tentait d'empoisonner quelqu'un me chiffonne. Je suis persuadée que Morrigan y est pour quelque chose... Il faut que je lui parle !

"Je serais ton Maître [en l'absence des autres silhouettes....]. Je serais exigente, je te préviens. Ce n'est pas un honneur et une chance. Installe toi dans les dortoirs. Je reviendrai te parler et tout t'expliquer."

Je disparais donc. Direction le palais de ma mère. La traître.