En attendant Morvan le Grand

Je pénétre dans la salle du Conseil, d'assez mauvaise humeur. La Grande Silhouette m'a agacée en me demandant de rien dire de ses projets à l'Empereur, projets que j'ai découvert par hasard. Ignore-t-elle que je n'ai pas de maître, ni de parti ?
La conseillère, Sicada Hysh est déjà là... Sans doute va-t-elle me dire que Morvan n'est pas au château. La réunion se déroulera quand même. Je lui marmonne un bonjour et m'assois près d'elle.
J'ai toutes les raisons de la détester : elle vient d'un empire de ma mère habité par les démons. Mais sa patrie est ici.

- J'ai des nouvelles à vous annoncer, madame Hysh, prononçais-je...

(A Sicada Hysh...)

Le conseil. Les conseils. Il y en avait plus souvent ces derniers temps et comme à chaque fois, Sicada y assistait avec Morvan. Aujourd'hui par contre, il ne pouvait venir pour des raisons personnelles. La conseillière s'installa à la table, en vout. Il n'y avait pas grand monde encore. Ses yeux gris balayèrent la pièce, quelques ministres et autres personnages importants du Royaume. Puis Isaé entra, un murmure parcoura l'assemblée. Cette dernière vint s'asseoir non loin de Sicada qui la regarda, douteuse.

- Je vous écoute.

Sa voix tranchante comme un rasoir résonna dans la pièce presque vide. Pourtant prononcé presque dans un murmre, chaque personne présente l'avait entendue. Isaé, déesse à la forme humaine faisait l'objet de beaucoup d'admiration mais aussi de crainte. Sicada, elle, avait toujours eu du mal à bien s'entendre avec elle...

J'offre un Sicada un sourire carnassier. Lorsque je commence à parler, ma voix se teinte d'ironie. Je ne peux m'en empêcher. Les ministres ne valent que mon mépris mais Sicada est intelligente. Cela m'exaspère comme à chaque fois que quelqu'un me rappelle ma mère, Morrigan. Je hais celle-ci.

- J'ai des nouvelles de Jûne, la chef des Soeurs de Morrigan et de la Grande Silhouette. Je sais très bien que vous désirez des alliances en prévision d'une bataille contre les rebelles... Oui, je sais, Morvan ne veut pas en entendre parler. Pour lui, la rébellion n'est qu'un mirage grâce à ses épurations... Mais il faut qu'il se détrompe : l'espoir est toujours là et je le sais. Cet empire est le mien. Je connais ses habitants par coeur.

Je m'interromps une seconde, attendant une réaction de la conseillère ou des ministres (sur eux, je n'y compte pas, ils ont l'air bien trop intimidés).

[HJ : peux-tu parler à la première personne du singulier ? Merci ]

[Hj : Navrée, je n'ai pas l'habitute et en plus je voulais le faire, j'avais vu ds les règles, mais... il faut que je m'y fasse^^]

La jeune déesse me sourit, presque avec méchanceté. Elle m'annonça alors qu'elle avait des informations à me fournir sur les Soeurs de Morrigan et les Silhouettes. Ces deux clans ont toujours fait l'objet de ma convoitise et je compte bien en faire des alliés pour une bataille à venir. Oui bien sûr, j'aurai du mal avec Morvan, qui ne croit pas en une quelconque rebellion mais il m'a toujours écouté alors...

- Bien, dites moi tout cela. Pour Morvan, je pense arriver à le convaincre. J'en suis même persuadée. Il est aveuglé par le pouvoir et ne se rend pas compte qu'une partie de son peuple ne l'aime pas et prépare une rebellion...

Une esquisse de sourire se dessina sur mon visage. J'avais toujours le mot pour convaincre les gens et je savais comment m'y prendre avec Heloïs.

[HJ : ne t'inquiète pas, ce n'est pas trop grave )

- Mais j'en suis persuadée... Morvan n'est pas si borné que cela. Sinon...

Je laisse ma phrase en suspens, persuadée que Sicada comprend l'allusion. L'Empereur, s'il ne fait rien, risque bien d'y laisser son trône.

- Pour tout avouer je n'ai pas revu le général des Mages-Soldats, le fameux Angel. Vous devriez tenter quelque chose de son côté. Vous savez sans doute qu'Elio a été tué par Aisling, qui possédait un couteau de Mage-Soldat...,insinuai-je en souriant, personne ne sait si ce couteau venait d'Angel... Enfin, tranchai-je, Jûne la Soeur de Morrigan a mystérieusement disparue du Temple, le laissant à une de ses fidèles Erna. Vous savez sans aucun doute, où elle est passée... Ou en tout cas, ce qu'elle cherche...

J'attendis patiemment une réaction de la part de la conseillère ou des ministres.

- Et oui... Laureen n'est sûrement pas morte.

Je serrai les dents. J'avais horreur qu'on me donne des ordres. Enfin pour les autres c'était des conseils mais pour moi, je voyais ça comme des ordres. Mon regard s'enflamma mais mes lèvres restèrent immobiles. Je ne voulais satisfaire cette déesse en m'énervant. Calmement, je repris la parole.

- Je verrai ce que je peux faire. Je dirais plutôt qui elle cherche... Laureen doit être tuée avant qu'un traître ou une traîtresse ne la retrouve...

J'en toucherai un mot à Morvan, cette histoire devait être prise au sérieux désormais.

Je regardai Sicada Hysh avec amusement et allégresse. Son regard s'enflammait. Mais elle se força à rester calme.

- Ainsi Jûne serait une traîtresse... ? souriai-je.

Venait-elle de m'avouer quelque chose ? Savait-elle des choses que moi-même j'ignorais -les positions de la Soeur de Morrigan- ?

- Bientôt toutes les confréries seront sur les dents. Ce sera à la première qui trouvera la gamine. La princesse ! Ce serait formidable pour les rebelles d'avoir une forte tête...
En parlant de chef... Savez-vous qui se cache derrière les rebelles ?

Mon sourire s'est aggrandi. Ainsi la déesse y avait pensé elle aussi. D'ailleurs je n'avais rien affirmer...

- Je n'ai pas dit ça. Mes phrases sont à écouter à deux moments différents. Pas dans la même phrase...

Mes sourcils se sont froncés, comme toujours quand j'entendais parler de traîtrise. J'avais horreur de ça. Avec les coups dans le dos, c'était une des choses qui me mettant dans une rage horrible !

- En effet... mais nous allons tenter de trouver le gros de cette troupe de rebelles avant qu'une quelconque organisation de s'installe... je vous assure que je ne vais pas être tendre...

Mon sourire alors sarcastique devint carnassier. Une boucherie, oui ça allait être une véritable boucherie. Je comptais bien faire souffrir ces traîtres sur place publique, un exemple quoi...

- Pas le moindre, et j'espère pour lui que je ne le saurai jamais... car ce jour, il regrettera de s'être rebellé. Bien sûr je vais bientôt mettre la main sur lui !

Je haussai les sourcils, essayant de calmer mon coeur. Que Sicada me fasse la morale m'exaspérait.
*Calme toi, il ne faut pas que Sicada meurt tout de suite*.
Ce serait nettement moins amusant.

- Jûne est assez mystérieuse sur ses projets. Mais je sais qu'à une époque elle a été proche des rebelles. Cela dit, ils n'ont pas été tendres avec elle apparemment. Il est juste qu'elle ait envie de se venger. Surtout ne sous-estimez pas les soeurs. Elles sont plus dangereuses que n'importe quelle troupe de rebelles. Elles pratiquent la torture, ce qui peut-être dangereux pour d'éventuels espions. Et l'armée de l'empereur a peur d'elles. Angel lui-même a-t-on dit avait reculé...

Sicada fronçait les sourcils. Je devinais avec mon instinct de déesse qu'elle détestait la trahison.
*Quelle ironie*
Morvan était venu au pouvoir après une incroyable traîtrise : Aisling qui a trahit Elio et son propre père. Et Morvan qui avait tué Aisling en l'empoisonnant lâchement.

- J'espère bien que vous ne serez pas tendre.

Je conclus ma phrase d'un sourire enjôleur, faisant sursauter les ministres.

- J'adore l'odeur du sang...

Sicada savait tout cela. Les soeurs étaient redoutables, à ne pas sous-estimer. Mais que pouvait-on contre ses méthodes de torture ? Méthodes qu'elle avait depuis toujours en elle. Elle ne savait pourquoi, mais elle avait toujours eu un certain don à tuer et torturer, étrange non ? Elle ricana doucement aux dernières paroles de la Déesse.

- Cette couleur rouge et vive est très attrayante en effet...

Ses yeux étincellèrent. Les deux personnes se ressemblaient beaucoup en ayant beaucoup de différences. C'était très étrange. Sûrement pour cela qu'elles nourrissaient une haine constante.

- Enfin bref, concluai-je avec un petit mouvement de tête, je sais que vous ne prendrez tout ça avec sérieux. Morvan vous fait confiance. Un dernière chose : les Silhouettes sont partout.

J'insistai sur le mot "partout". Mais je savais que n'importe quel agent du roi ne saurait les reconnaître. Leur pouvoir de dissimulation est bien trop efficace. Je me lève de mon siège sans pour autant m'en aller. Je me tourne vers Sicada. Mon visage n'est plus à la plaisanterie et aux propos amusants (la guerre est une chose amusante).

- Au fait, Sicada, l'Empereur aurait-il négligé mes offrandes ?

Tout le monde se fige. Ils craignent tous ma légendaire colère qui me fait précipiter ceux qui ont osé me défier dans les tourments incessants d'une torture sans fin.

- Il sait bien qu'il doit me les sacrifier une fois par mois. Mais je n'ai rien vu, rien senti. Jûne, elle ne l'a pas négligé : une gamine y est passée. Si Morvan a des regrets de tuer son peuple pour moi, il y a toujours des vaches dans ses prés. Que l'on soit clair : Si l'Empereur y passe, il emmène tous ses fidèles avec lui, vous Sicada mais aussi toute sa cour. Je pense que j'ai été claire.

Je ne répondis rien, oui les silhouettes étaient des êtres redoutables. D'ailleurs je n'avait toujours pas réussi à trouver un moyen pour les détecter. Mais j'allais vite y remédier. La jeuen déesse se leva. Je me levai à son tour, je n'aimais pas être assise alors que mon interlocutrice était levée. De plus, malgré mes sentiments mauvais à l'égard de Isaé, je lui devais un minimum de respetc. Bien que je n'étais pas née sur ses terres, j'y vivais.

- J'y veillerai déesse.

Une faible révérence accompagna mes paroles, ainsi qu'une pointe de sarcasme à peine persceptible. Morvan ne pensait pas toujours à ces sacrifices. Ces derniers avaient souvent lieu sur la place publique, pour que le peuple comprenne qui c'était qui commendait : Isaé avait sans doute peur que l'empereur prenne trop de place, trop de pouvoir...